Fontainebleau : les contrôles des clients des prostituées renforcés

Le Parisien - 18 mai 2016

Va-t-on enfin endiguer ou tout du moins atténuer le phénomène de la prostitution en forêt de Fontainebleau ?

Guillaume Lescaux, le nouveau procureur de la République vient d’annoncer des opérations de contrôle renforcées, afin de faire appliquer la nouvelle loi, qui touche maintenant les clients des prostituées (voir encadré). Guillaume Lescaux a effectivement décidé de passer à la vitesse supérieure. « En 2015, la police effectuait en moyenne un contrôle par mois. Là, nous allons passer à un contrôle tous les quinze jours, comme cela se faisait en 2013 et 2014. »

Car s’il est un point noir de la prostitution dans le département, c’est bien la forêt de Fontainebleau, où, en 2015, la police avait relevé les identités de 81 prostituées différentes, dont une majorité de filles de l’Est : trente Roumaines, dix-sept Bulgares, dix Camerounaises, neuf Nigérianes, six françaises, quatre Albanaises, deux Equatoriennes, une Polonaise, sans oublier un travesti Bulgare et un transsexuel Equatorien. Mais le procureur précise qu’« en moyenne, on dénombre une trentaine de prostituées qui travaillent régulièrement dans le massif ».

Le magistrat rappelle également que maintenant, le législateur considère que ce sont des victimes. Pas sûr toutefois qu’elles soient toutes ravies de voir leurs clients déserter le massif à cause de la peur du gendarme. Une crainte toute relative puisqu’il n’est pas prévu d’interpellation, ni de garde à vue pour le contrevenant. Ce dernier est invité à suivre la police ou la gendarmerie, au poste, pour y être entendu. Autre difficulé : les forces de l’ordre doivent constater un flagrant délit, comme un échange d’argent ou un rapport sexuel en cours avec la prostituée.

Deux jours de stage à 180 € pour un quinquagénaire

C’était l’un des premiers clients de prostitués, pris en flagrant délit en France. Le 14 avril dernier, ce quinquagénaire de la région a été surpris en pleine action, au bord de la D 606. L’homme devra se présenter au tribunal de Fontainebleau le 24 juin dans le cadre d’une ordonnance pénale. Au départ, il risque une contravention de 5e classe, pouvant aller jusqu’à 1 500€, portée à 3 750 € avec inscription au casier judiciaire en cas de récidive. Mais le procureur a préféré jouer la carte de la pédagogie.

« Pour l’instant, le décret imposant un stage de sensibilisation à la lutte contre les achats d’acte sexuel n’a pas été promulgué, explique Guillaume Lescaux. En attendant, j’ai décidé de suggérer au juge, qui le verra le 24 juin, d’opter pour un stage de citoyenneté de deux jours, d’un montant de 180 € qui sera payé par le contrevenant. Quand l’autre stage sera mis en place, il s’effectuera en liaison avec le Centre d’information des droits de la femme situé dans l’agglomération melunaise. Parallèlement, la préfecture devrait mettre en place un parcours de sortie de la prostitution, avec un hébergement en centre de réinsertion. »

Pascal Villebeuf